Plouf, en passant par là...

Publié le par Manu

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Lac des Corbeaux - Hautes Vosges

 

 

 

Nancy. Un gars part pour Istanbul avec son vélo. Il attend sur les marches de la cathédrale. Il regarde à gauche, à droite puis repère trois filles. Il avance vers elles. Il commence à parler, à dire qu'il part pour Istanbul. Il sort une canette de sa sacoche. Il en boit une gorgée puis demande aux filles si elles peuvent garder son vélo quelques minutes. Il part pisser au coin de la cathédrale.

 

Nancy toujours. Dans un café, diabolo cerise en attente. C'est un lieu « branché jeunes » où l'on passe avant, pendant et après les cours. La musique y est forte. Il n'y a pas grand monde et surtout pas de serveur...il doit avoir du mal à sortir de son bar. Faut-il aller le chercher ? Je ne bouge pas et je reste profondément calée dans mon fauteuil défoncé. Je regarde passer les gens au travers de la vitre. Puis je commence la lecture du journal. Des emplois supprimés, des licenciements économiques...je referme le journal. Lady Gaga à la télévision. Elle a l'air tarte. Le barman arrive tranquillement. «  Qu'est ce que je vous sers ? »

 

La lac des corbeaux. Il ne semble pas si noir que cela. Il y fait frais. C'est un endroit tranquille mais assez connu. C'est la planque des pêcheurs et celle des jeunes qui s'ennuient. Un mec frappe sur un tam tam qui résonne jusque dans la forêt. L'atmosphère est étrange. Je ne me souviens pas de ce lieu. J'ai l'impression de le voir pour la première fois. Je voudrais y rester seule avec mon amoureux.

 

La Bresse. Rien à y voir. Juste des banques, des boulangeries, des restaurants. Et une plaque près de l'église qui nous rappelle la déportation de femmes, d'enfants en 1944.

 

Gérardmer. Sans doute un type qui s’appelait Gérard et qui venait de la mer. Le lac scintille au soleil. Des centaines de personnes viennent s'y balader, faire du canoë, flâner. Des petits canards dansent sur les flots ; un homme à la moustache blanche leur balance des miettes de pain tandis que de jeunes photographes en herbe immortalisent l'instant. Sur une terrasse, un ice tea à la main, j'entends un homme jouer de la flûte. Enfin, il fait du bruit. Je pensais à un enfant qui s'amusait. Ce mec à l'air pommé.

 

Une brocante à côté d'Epinal. Il y a un monde fou dès notre arrivée. Nous suivons la masse de chineurs et nous nous engouffrons dans le vide grenier. Partout, des objets venant d'ici ou de là, des vieilleries, des choses sans importance, cachées au fond d'une remise, d'un grenier. Je me dis que les gens amassent beaucoup de trucs durant une vie. Des personnes typées maghrébines ont des sacs énormes, des trolleys remplis de choses en vrac. Un chien fait le fou sur un tréteau tandis qu'un autre se promène dans une poussette ou plutôt, sa maîtresse le promène en poussette. On voit des choses hallucinantes parfois. Je déniche une jolie théière ancienne.

 

Dans la ville des Luthiers et de la dentelle, çà sent les frites, la saucisse carbonisée. Et puis le saucisson aussi. La sono d'un manège gueule un hip hop très moche. Une fille dit que tout est négociable et que les bisous sont en cadeau. Ferait-elle parti du gang des Cuddleworthy ? Comme je ne suis pas digne de recevoir un câlin, je me traîne péniblement vers un stand de cds. Le monsieur nous regarde bizarrement, comme si l'on allait faire du mal à son 33T de Dépêche Mode. Je m'en fou, je n'ai pas de tourne disque.

 

C'est une ballade à la Souchon où la tristesse s'envole. L'attente est longue dans la rue de Rigny. Le calme appartient à ses résidents, à ceux qui s'y perdent. Le vent, doux, passe légèrement entre les vitres de la Luna. Une jeune femme promène tranquillement son bébé en poussette. Ses cheveux blonds flottent dans l'air. Un portail bleu s'ouvre en grinçant : deux personnes d'un certain âge s'avancent doucement sur le trottoir. Il est l'heure de dîner.

 

 

 

Le temps s'échappe, m'échappe parfois. Les odeurs s'évaporent comme l'espace, comme la buée sur les vitres lorsqu'il fait chaud. Des dessins, des lettres apparaissent. Je t'aime. En silence, je me le répète. Il ne faudrait jamais l'effacer.

 

Sur mon perchoir, je distingue des silhouettes tourbillonnants sur le pavé, qui vont et viennent à ne plus se reconnaître. De mon perchoir, je traverse le temps, les vents, les longues attentes. Je rêve à la poussière qui ne s'efface pas, à la lumière qui ne me fuit pas, aux océans qui ne s'échappent pas. M'éterniser dans un parc aux couleurs flamboyantes, dans un jardin secret, le mien, le nôtre, l'éternel qui pousse vers l'éternité, la longévité. Vivre, aimer et vivre !

Publié dans We are free

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T
Sacré article, je dois dire ! C'est carrément un voyage dans le temps et l'espace... Ce doit être bizarre de passer du journal à Lady Gaga ? Sinon, oui, le lac pour nous seuls aurait été bien mieux<br /> et avec moins de vent par ailleurs ! Tiens, je n'ai pas remarqué le gars et ses disques... Vivement la suite, avec toi, pour vivre et aimer, t'aimer !
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M
<br /> <br /> Merci :) Oui c'est assez navrant de passer d'un journal à Lady Gaga se trémoussant dans des fringues bizarroïdes mais bon...Le gars avec ses disques, c'était au coin de la rue, là où il y avait<br /> tous les cds ...parfois je regarde la tronche des gens qui vendent et lui, il avait la tronche de quelqu'un qui aime pas rigoler! La suite au prochain épisode! Vivement toi et heu ...i want a<br /> steack frites!<br /> <br /> <br /> <br />