Janvier

Publié le par Manu

Janvier

La première lune s'était achevé sans qu'une seule onde ne survienne. Il lui fallait attendre la seconde, puis la troisième...jusqu'à cette sixième lune qui dépassa enfin le bout des falaises, ondulante comme un cristal sous l'épaisse nuit d'écumes, glapit sous le manteau d'ébène qui recouvrait les dunes. Personne à l'horizon, pas même un oiseau de la nuit, blottis dans les arbres devenus feu. La veille, une nouvelle lune avait soufflé le rivage, anéantissant la baie et les îlots voisins, les arbres avaient pris feu, si soudainement que personne n'avait pu contenir ce néant. Tout, infiniment tout avait disparu. Avalé par les vents et les marées, disloquant les images d'avant, il fallut tout repenser, tout imaginer à nouveau. Le ciel, le sable, les ombres des oiseaux manquants, le silence. La connaissance et la conscience. Derrière la dune infranchissable, l'unique lieu de vie, il se disait que les yeux de LàHö s'étaient éveillés et avaient regardé la Terre, immuable et pourtant souillée des déchets des hommes devenus poussière. Cela lui faisait grand peine. Après leur disparition, leur vie d'avant était toujours présente, ineffable, douloureuse et répugnante. Il n'y avait eu aucun bouton imaginé pour tout faire disparaître à temps si bien que tout était resté là, sur le sable béant, sur les dunes et dans le sang de ceux qui restaient. Leurs cheveux étaient recouverts de cette poussière. Et dans les plumes des oiseaux de la nuit, on pouvait parfois apercevoir des écorces d'ombre d'avant, des déchets volants, jamais envolés. LàHö était donc en colère que les autres n'aient rien fait pour contenir la défaite des hommes et l'immense bêtise humaine. Ils n'étaient plus humains, de toute façon, à quoi bon. LàHö avait décidé de se venger avant chaque sixième lune, histoire que le monde s'en souvienne. Les arbres alors étaient écorchés vifs quand ils n'étaient pas brulés, soumis au lois d'un seul, de la tempête souveraine.

 

( Il s'agit du début d'une nouvelle histoire que je viens de commencer. Pas de titre, de noms, juste un rêve que j'ai fait et qu'il fallait que j'écrive. Je me demande toujours pourquoi l'océan a autant de poids dans mes rêves ... bref, j'ai hâte de continuer ! )

Publié dans Climat & Ecriture

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